L’industrie de la mode, telle qu’elle est actuellement, a beaucoup de travail à faire sur le plan écologique et humain. En effet, avec la fast fashion, de nombreuses industries ont délocalisé leur production afin de réduire leurs coûts. Cette délocalisation est bien sûr bénéfique pour les marques qui réduisent leurs frais et donc peuvent augmenter leur marge et leur production, mais cela au détriment des ouvriers et de la planète. 

Quels sont alors les problèmes liés cette délocalisation, et les solutions qu’apporte une production locale ?

Entreprise textile au Bangladesh

 

Les transports

Entre l’importation des matières premières, la confection du vêtement, ses traitements, teintures et ennoblissements, ses finitions et sa commercialisation, le vêtement parcourt des kilomètres avant d’arriver dans les boutiques. 

Prenons l’exemple d’un jean. Le coton est cultivé au Pakistan, en Corée du Sud ou en Afrique de l’Ouest. Il est ensuite envoyé en Italie, où les ouvriers sont dotés d’un savoir-faire particulier, pour être tissé sous la forme de grande toile denim. Ces toiles sont ensuites envoyées dans un pays où la main d’oeuvre est bon marché, comme la Chine ou le Bangladesh, pour être assemblé. Vient alors le moment des ennoblissements : teintures et sablage pour obtenir un jean effet délavé. Ces opérations sont généralement réalisées en Chine, au Pakistan, en Egypte ou en Turquie. Vient alors l’étape des finitions (rivets, boutons, etc) qui sera réalisé dans un pays du Nord, car elle nécessite une grande précision et un savoir-faire particulier. Enfin, le jean peut être envoyé dans le pays où il sera vendu. 

Un jean parcourt environ 1,5 fois le tour du monde avant sa commercialisation ! 

Bien évidemment tous ces déplacements sont responsables d’émission de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. En 2015, l’émission de CO2 due au transport de textile s’élevait à 1.2 milliards de tonnes.

Exemple des provenances des éléments et lieux de production pour un jean

 

Produire localement, c’est éviter tous ces déplacements

En regroupant fournisseurs de matière première et ateliers à proximité des lieux de commercialisation, on limite un bon nombre des déplacements. Prenons l’exemple d’un produit Alory. Le fibres sont importés par les producteurs textiles de la région lyonnaise, ce qui fait un déplacement important. Ensuite, ils sont tissés et ennoblis dans la région par cette entreprise, puis racheté par Alory qui les couds entièrement et les vends, toujours dans la région. On ne compte plus qu’un trajet, au lieu de 5 en moyenne pour un produit issu de la fast fashion !

Moins de trajet produisent bien évidemment moins de gaz à effet de serre et donc accélèrent beaucoup moins le réchauffement climatique !

 

Le contournement des normes de production

Pour produire plus et à un moindre coût, les industriels n’hésitent pas à avoir recours à des méthodes interdites dans les pays développés. Ils produisent alors dans les pays en cours de développement, dont les réglementations sont plus souples. Ils teignent par exemple les tissus en Chine, où ils peuvent utiliser des teintures aux métaux lourds. Ces dernières, rejetées dans la nature, polluent les eaux des rivières, les rendant impropres à la consommation et à la lessive, tuant même les poissons.

Une rivière polluée par les teintures en Chine

 

En plus de nuire à l’environnement, l’usage de ces teintures nuisent à la santé des ouvriers. Infertilité, pleurésie*, de nombreux problèmes de santé touchant les ouvriers pourraient-être liés aux métaux lourds des teintures.

Une autre méthode de production interdite dans les pays du Nord est le sablage. Cette technique permet de donner un aspect délavé et usé aux jeans neufs mais est elle aussi très dangereuse pour la santé des ouvriers. En effet, ils projettent  du sable à haute pression avec pour seule protection un masque jetable en papier. Ce dernier n’est pas assez efficace pour protéger les ouvriers, qui respirent alors du sable et des poussières à longueur de journée. D’après les associations de travailleurs, entre 8 000 et 10 000 personnes ont été victimes en 2015 en Chine, au Pakistan ou en Egypte, d’une maladie pulmonaire grave liée au sablage : la silicose.

Produire localement, c’est respecter les normes européennes et française, plus stricte, afin d’assurer la protection des ouvriers de l’industrie textile et celle de l’environnement.

 

Le non-respect des droits des travailleurs

La délocalisation leur permet aussi de contourner les droits des travailleurs, en s’implantant dans des pays où la réglementation est plus souple. Les employés sont alors à peine payés, ne leur permettant pas d’avoir un mode de vie décent. Afin d’obtenir un salaire convenable, il n’est pas rare que des ouvriers de l’industrie textile fasse beaucoup d’heure supplémentaire, jusqu’à 150h par mois en Chine, mais ces dernières ne leur sont pas toujours payées. 

Les enfants contribuent également aux revenus de la famille en travaillant jusqu’à 64h par semaine, et ce dès 6 ans.

Ce garçon du village de Dadun, en Chine, est payé 1,5 centimes pour couper les fils dépassant d’un jean.

Il gagne alors 3 € par jour pour s’occuper de 200 jeans.

 

En plus de ces salaires extrêmement bas, les conditions de travail sont difficiles, voir inhumaines. Par exemple, les employés sont logés dans des dortoirs contrôlés par l’usine. Ainsi, ils sont toujours à disposition de leur employeur et leur sont entièrement dépendants. Les employeurs profitent alors de cette position pour imposer des charges de travail énormes, pouvant demander jusqu’à 150 pièces à l’heure. Les ouvriers, qui sont majoritairement des femmes dans l’industrie textile, subissent alors pressions, humiliations, harcèlement ou encore agressions sexuelles pour les “motiver” à atteindre ces objectifs inhumains. 

 

En plus de ces traitements inhumains, les infrastructures ne sont pas toujours aux normes et mettent les employés en danger. On peut par exemple penser à l’effondrement du Rana Plaza, le 24 avril 2013. Le Rana Plaza situé à Dacca, capitale du Bangladesh, était un immeuble abritant des ateliers de confections pour diverses marques, dont Gap, Benetton, Primark, H&M ou Mango. Plus de 5 000 personnes y travaillaient chaque jour. Ce bâtiment avait été construit sur un marais, ce qui va à l’encontre des normes de construction, le sol n’étant pas assez stable. La veille de l’effondrement, des fissures ont été signalées aux responsables d’ateliers qui n’en ont pas tenu compte. Plus de 2 000 personnes ont été blessées et 1 138 personnes ont péri.

Effondrement du Rana Plaza

 

Cette catastrophe a mis en lumière les conditions de travail dangereuses des ouvriers. Des contrôles et des amélioration ont été mis en place depuis, mais cela ne suffit pas à ce que les employés puissent réellement se sentir en sécurité. Ces derniers ont du mal à faire confiance aux inspections faites par le gouvernement, qui a un intérêt à ce que la production continu car elle contribue à hauteur de 15 % au PIB du pays. 

 

Une production locale, c’est respecter le code du travail.

En France, les normes sont plus strictes afin de protéger au mieux les employés. En effet, en produisant en France, les salariés sont payés au moins au SMIC, soit 10,03 € par heure contre environ 0,3 € au Bangladesh. Le travail des mineurs est strictement encadré et reste rare (dans le cadre de contrats d’apprentissage ou en stage). Les conditions de travail sont également bien encadrées, avec des normes strictes. Cela représente bien évidemment un coût financier pour l’entreprise mais permet de réduire le coût et les pertes humaines encore trop élevés dans l’industrie textile.

Alory met donc un point d’honneur à produire localement, plus précisément à Lyon, pour pouvoir avoir la mainmise sur la chaîne de production et s’impliquer entièrement dans le processus de fabrication.

Alory, une production 100% Lyonnaise

 

La quantité au profit de la qualité

 

Délocaliser pour produire plus, plus vite et moins cher demande de sacrifier les conditions de travail mais aussi de sacrifier la qualité des produits. Les matières premières sont achetées au moindre coût, ils s’agit donc de matières premières de basse qualité, des synthétiques fragiles qui ne dureront pas dans le temps, des cotons issus d’une culture ayant recours aux pesticides, etc. Ensuites ces tissus sont teints et apprêter avec des produits chimiques agressifs pour l’environnement et pour la peau. Ils sont cousus rapidement, car les ouvrières ont des objectifs trop élevés, les coutures peuvent donc être imparfaites et fragiles. Enfin, pour les protéger durant les longs transports, ils sont traiter avec des insecticides et des fongicides.

Le produit final est donc fragile, hautement allergisant et traité avec plusieurs produits chimiques polluants.

 

Une production locale, c’est produire moins mais mieux. En se procurant après de tisserands locaux, on assure une qualité des tissus pour une tenue durable. Ils sont ensuite traités et teints selons les normes française, plus strictes, limitant le risque allergisant. Ensuite, les vêtements sont cousus par des couturières formées pour réaliser un travail minutieux et avec des objectifs moins lourds, leur permettant de mieux s’appliquer. Enfin, étant donné qu’il n’y a pas de long transport, pas besoin de les traiter avec des insecticides ou des fongicides pour les protéger.

 

Avec sa production locale et durable, Alory s’inscrit dans ce qu’on appelle la Slow Fashion. A l’opposé de la fast fashion dont le but premier est produire plus pour gagner plus, la slow fashion cherche à produire mieux et plus respectueusement, quitte à prendre plus de temps.

Laure travaillant dans l’atelier Lyonnais Alory

 

Certes produire localement à un coût financier bien plus important, se répercutant forcément sur le prix final. Mais ce prix correspond en fait à ce que vaut vraiment le vêtement et le travail qui en découle ! Pour les grandes marques adeptes de la délocalisation, le coût financier est certes réduit, mais ce au détriment des coûts humains et environnementaux. Produire localement permet donc de recentrer les préoccupations autour d’une démarche durable, respectueuse de l’environnement et des employés.

 

*inflammation de la plèvre, la membrane recouvrant les poumons

 

Sources : http://www.slate.fr/story/133478/bangladesh-vetements-travail

https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/05/26/rana-plaza-la-mort-de-l-industrie_3417734_3234.html

https://dalits.be/2017/03/13/inde-lesclavage-des-enfants-reste-repandu-dans-lindustrie-textile-la-plupart-des-victimes-sont-des-dalits/

http://www.cddd.fr/fast-fashion-infographie-trademachines/

https://www.consoglobe.com/travail-des-enfants-64-heures-par-semaine-au-bangladesh-cg

http://www.slate.fr/monde/75155/jeans-delaves-sablage-silicose-chine

https://www.notre-planete.info/actualites/10-achat-vetements-mode-pollution

https://impact-gem.org/industrie-textile-reinventons-nos-dressings-2/

http://mue-magazine.fr/actualites-mode-ethique/fabrication-dun-jean

http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/02/28/la-chine-asphyxiee-par-la-pollution-de-lindustrie-textile/

https://journals.openedition.org/aspd/811#tocto2n4

https://www.lapresse.ca/international/asie-et-oceanie/201305/02/01-4646826-bangladesh-les-usines-textiles-rouvrent-huit-jours-apres-leffondrement.php

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