Bonjour Laure, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Laure Nebout-Reyx, je suis née un 25 septembre en Bourgogne.

La création et le DIY était mes grandes passions étant petite. Je fabriquais des objets avec des matières que je trouvais dans la poubelle de tri chez mes parents. J’aimais aussi beaucoup danser et chanter !

L’envie de travailler dans la mode est apparue lorsque j’étais au collège. Je me suis fixée comme objectif de devenir styliste et je n’ai pas laché cette idée avant de l’avoir aboutie.

Quelles études as tu suivi ?

Pendant le lycée, je voulais m’orienter rapidement vers un bac art appliqué mais mes parents m’ont gentiment poussé à faire un bac général. Ca n’a pas été une partie de plaisir car je n’y prenais aucun plaisir (sauf pour les cours d’art platique le mercredi après-midi) même si ça m’a quand même ouvert la porte de la culture et la langue italienne. J’ai passé un double bac français-italien et j’ai eu la chance de partir 4 fois en échange en Italie.

J’ai donné le meilleur pour avoir un dossier en béton armé pour les études sup. Mes efforts ont payé car j’ai réussi à intégrer la formation que je voulais !

J’apprends le moulage
Une scultpture-bijoux pour un projet mode lors du BTS
Le premier maillot de bain que j’ai cousu formation modéliste

J’ai suivi une formation styliste et modéliste avec :

– une Mise à Niveau en Art Appliqué à La Martinière Diderot à Lyon (aujourd’hui cette formation n’existe plus)

– un BTS Design de mode option mode (aujourd’hui transformé en diplôme national des métiers d’art et de design) au Lycée Ernest Hemingway à Nîmes. Deux années superbes où je me suis lancée dans des défis créatifs comme la création d’un vêtement avec des LED intégrés ou la confection de vêtement pour homo-sapiens (costumes à retrouver d’ailleurs dans le mini film projeté au musée de la grotte Chauvet)(si vous regardez bien, à la fin du générique il y a mon nom).

– une Formation Complémentaire d’Initiative locale en modélisme spécialisé en lingerie homewear au lycée Marie Laurencin à Paris. Cette formation a été très enrichissante pour moi car elle m’a pporté les connaissances techniques de patronnage et de couture qui me manquaient.,

C’est au cours de mes études de stylisme-modélisme que j’ai eu une prise de conscience écologique. En effet, ébahie par le gâchis de tissus issu de l’industrie textile, j’ai cherché a me former sur ce sujet lors de mes stages. Un stage dans l’entreprise d’upcycling Leave Or Use à Barcelone en Esapagne puis chez Les Récupérables à Paris, m’ont permis d’avoir les connaissances pour travailler avec des matériaux revalorisés. Enfin, un stage comme modéliste pour le maillot de bain chez Emroce à Côme en Italie m’a apporté les connaissances en patronage zéro déchet.

La fameuse tenue en LED
Un projet mode lors du BTS
Une séance photo haute en couleur lors de la MANAA

Quel est ton parcours professionnel ?

Pour mon premier poste, j’ai cherché une entreprise éthique qui suivrait mes valeurs. Ne trouvant aucun poste répondant à mes besoins, j’ai décidé de créer ma propre entreprise avec un concept : revaloriser les chutes de tissus provenant de l’industrie de la mode, tout en exerçant ma passion, la création. 

J’ai integré, après mes études, l’incubateur BEELYS à Lyon pendant un an pour me former à la création et à la gestion d’une entreprise. À la suite de cette formation, j’ai passé six mois au Village des créateurs, où j’ai enrichi mes connaissances.

Je me suis formée en autodidacte à la communication, à l’évènementiel et au marketing en particulier grâce à mon expérience chez The Greener Good. J’ai organisé des défilés de mode éthique plusieurs fois par an, le plus marquant était celui dans la cour de l’Hötel de Ville de Lyon pour la remise des labels LVED.

Je présente le défilé au festival de The Greener Good en 2019
Un défilé incroyable dans la cour de l’Hôtel de Ville de Lyon pour la remise des labels LVED
Première boutique éphémère partagée avec d’autres créatices dans les pentes de la Croix-Rousse

Quel est ton objectif avec Alory ?

La mode c’est une manière de s’exprimer, de montrer nos valeurs qu’on veut transmettre.

Le problème, aujourd’hui, c’est qu’on consomme les vêtements sans vraiment y faire attention. Ils sont temporaires et destinés à être jetés.

Mon objectif est de proposer une autre manière de consommer et de s’habiller, en opposition à la consommation de masse via des produits de qualité et une fabrication zéro déchet. 


Peux-tu nous parler de ta marque Alory plus en détails ?

Alory revalorise des matières premières vouées à être jetées afin de limiter le gaspillage textile et contribuer à une mode plus durable. Ce concept est appelé upcycling : c’est l’action de récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux ou produits de qualité ou d’utilité supérieure

Les vêtements, pour homme et pour femme, sont créés, fabriqués et vendus à Lyon. Ma marque propose du prêt à porter, de la personnalisation et du sur-mesure. Les vêtements sont donc uniques ou fabriqués en très petite quantité.

Qui sont tes fournisseurs ?

L’approvisionnement se faire auprès des fabricants de tissus (tisserands, imprimeurs, …) à qui je rachète les fins de rouleaux, les chutes, les stocks dormants ou les anciennes collections. Cette matière première est considérée comme un déchet par les entreprises mais est pourtant de très belle qualité et les tissus n’ont pas de défauts apparents.

Quels sont les engagements éco-responsables de ta marque ?

Les pièces sont designées de manière à pouvoir être portées de plusieurs manières différentes. Un regard nouveau est apporté sur la manière de porter un vêtement : une pièce peut-être portée de différentes manières, pour des occasions variées et permet ainsi la liberté de créer des tenues aux styles différents. Le vêtement s’adapte au fil du temps, des envies et peut durer longtemps. 

Exemples :

Le top croisé est réversible, il présente 2 faces (l’une est unie, l’autre est à motifs) qui permettent de le porter pour des occasions différentes.

La robe multipositions est modulable : en fonction de la position des bandes sur la poitrine, la robe change de coupe.

De plus, j’apporte une innovation dans la manière de concevoir le patron afin qu’il produise un minimum de chutes lors de la coupe du tissu. En effet, un patron classique provoque 10 à 30% de chutes de tissus qui seront jetées. 

Alory propose alors de construire un patron en réfléchissant à minimiser les pertes. Certains patrons créés par la marque sont “zéro déchet” : lorsque les pièces du patron sont coupées, il n’y pas de chutes de tissu et donc pas de gaspillage. Les patrons zéro déchet permettent d’utiliser toute la matière première et apporter une nouvelle vision du modélisme. 

Quelles sont les étapes de confection d’un vêtement ?

Je fais tout de A à Z … et c’est pas une mince affaire ! Je commence par imaginer le vêtement : je le dessine, je réfléchis au détails et aux finitions. Souvent, j’ai déjà le tissu en stock et c’est celui-ci qui m’inspire la création. Ensuite, vient le temps du patron : je dessine le patron soit à la main sur une grande feuille de papier craft, soit sur ordinateur (avec le logiciel Seamly 2D). D’après ce patron, je fais un premier prototype dans le tissu. Ce prototype est essayé par plusieurs personnes : cela me permet d’avoir des retours différents. Je peux alors modifier la coupe et revoir mon patron pour que le vêtement soit comme je l’avais imaginé.

Une fois que mon patron est prêt, je dois faire la gradation : c’est le fait de passer le patron dans toutes les tailles. Idem, je le fais soit à la main, soit sur ordinateur. Pour être sûre de mon coup, je couds un vêtement dans une petite et une grande taille pour faire un dernier essayage. Là, mon patron est prêt !

Je vais alors coudre le vêtement en plusieurs exemplaires et le mettre en vente : en boutique et en ligne sur l’eshop. Tous les vêtements sont cousus un par un à la main, ça prend souvent plusieurs semaines !

C’est l’heure de ma partie préférée : le shooting photo ! La préparation du shooting est toujours stressante car il faut trouver les mannequins, fixer une date, échanger avec le.la photographe, trouver un.e maquilleur.se, choisir un lieu (et prier pour qu’il fasse beau ce jour là), …. Le jour J, c’est un plaisir de voir des « vraies » personnes faire vivre le vêtement ! Je patiente quelques jours/semaines et je reçois les photos que m’envoie le.la photographe : c’est comme un deuxième Noël avec un cadeau plein de belles photos !

Je m’empresse de partager les photos sur mon site, les réseaux sociaux, la newsletter … je voudrais que la terre entière puisse les voir 😉

Tu parles de la gradation, quelles tailles est ce que tu proposes ?

J’ai à coeur de pouvoir habiller toutes les femmes, sans limite de taille. Il me reste encore du chemin à parcourir mais j’aimerais que toute la collection soit disponible du 32 au 52. On penses souvent aux grandes tailles mais jamais aux petites tailles ! J’ai des client.e.s qui font une taille 32 et qui aimerait bien ne pas s’habiller chez les enfants. Idem pour les grandes tailles, les client.e.s n’ont pas assez de choix en mode éthique.

Je propose aussi des vêtements sur-mesure, pour permettre à chacun.e de s’habiller selon ses besoins.

Tous les corps sont beaux, différents et nécessites de beaux vêtements.

Quels sont tes challenges au quotidien ?

Je suis un vrai couteau suisse et je change 5 fois de métier dans une même journée : je suis à la fois styliste, comptable, chargée de communication, commerciale, … 

Les moments où je suis à la machine à coudre représente des bulles de pause et de détente, je médite avec les mains occupées à la couture.

Quel est le vêtement indispensable de ton dressing ?

Le maillot de bain !! S’il faisait assez chaud, je vivrais tous les jours en maillot de bain. 

C’est peut-être pour ça que je me suis lancée le défi de créer des maillots de bain pour l’été 2021 !!